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Communication Dans Un Congrès Année : 2018

L’héritage de l’art Nabokovien du détail chez Rikki Ducornet et Steven Millhauser : le fantasme de la miniature

Elodie Trole

Résumé

Dans sa quête du Sens, de connaissance globale et de représentation totale du monde réel, l'écrivain tel que le représentent Millhauser et Ducornet fait des listes, qui ne semblent jamais pouvoir atteindre à une quelconque fin, au sens à la fois d'achèvement et de but. Les listes naissent d'un désir paradoxal d'exhaustivité : il faudrait pouvoir tout nommer, donner tous les détails possibles afin que la représentation soit la plus objective possible, mais cette entreprise impossible est vouée à l'échec. Loin de représenter le monde de façon exhaustive, le détail au sein des listes ne fait que révéler son étrangeté, mise en relief par une écriture fractale. Le besoin de détail est porté à son comble dans les multiples représentations de la miniature, qui suggère une extrême attention portée au détail et relève d'une volonté de mettre le monde en bouteille afin de pouvoir l'observer dans sa globalité et comprendre ainsi son étrangeté. Chacun à sa manière, Millhauser et Ducornet mettent en oeuvre une littérature de la gullivérisation : il semblerait que l'on puisse toujours voir plus petit, et qu'il soit possible de retrouver dans le microcosme les grands schémas du macrocosme. Les secrets de l'univers seront-ils révélés au miniaturiste, à « l'homme à la loupe » comme le nomme Bachelard ? La miniature, si elle ne peut pas apporter le savoir universel, se fait alors fantasme. L'encore plus minuscule recèle peut-être d'autres secrets. La frénésie, le fantasme de la miniature semblent impossibles à arrêter ; voir plus petit, c'est savoir davantage, lorsque la description dépasse ce « point statique » pour ouvrir à l'infini de mises en récits possibles des détails infimes qui nourrissent à la fois l'imaginaire et la trame textuelle. Sera-t-il jamais possible de voir, au-delà d'un visible « embrayeur d'histoire » qui détient peut-être encore des secrets, la face cachée du réel ? Cette communication se concentrera sur la nouvelle de Steven Millhauser « In the Reign of Harad IV » et sur le roman The Stain de Rikki Ducornet afin d'étudier comment la fiction prend en charge la quête et l’exploration d’un monde miniature si petit qu’il est invisible à l’œil nu, et qu’il est à la fois vecteur d’imaginaire – « on peut toujours imaginer plus petit », ainsi que l’affirme Bachelard – mais aussi, et surtout, source d’un questionnement sur l’(in)accessibilité du réel qui hante l’écriture du détail.
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Elodie Trolé - Congrès AFEA 2018 - Atelier n°8 communication.pdf (236.8 Ko) Télécharger le fichier
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hal-02525732 , version 1 (31-03-2020)

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Paternité

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  • HAL Id : hal-02525732 , version 1

Citer

Elodie Trole. L’héritage de l’art Nabokovien du détail chez Rikki Ducornet et Steven Millhauser : le fantasme de la miniature. Congrès de l'AFEA 2018 : "L'Amérique à la loupe : Poétique et politique du détail", May 2018, NICE, France. ⟨hal-02525732⟩
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