Se politiser par le travail - Université Jean-Monnet-Saint-Étienne Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2018

Se politiser par le travail

Résumé

Comment le travail peut-il devenir un vecteur de politisation ? Cette question est placée au cœur de ce chapitre qui se fonde sur les histoires de vie d’hommes et de femmes devenus syndicalistes dans les années 1968. La révolte de Mai a ouvert une brèche dans l’ensemble des rapports d’autorité. Même ceux teintés de paternalisme, parfois arbitraires voire violents, qui s’exercent dans le monde du travail sont contestés et bouleversés. À l’instar d’autres institutions – familiale, scolaire, religieuse – le « despotisme d’usine » fait l’objet de fortes dénonciations, lesquelles prolongent et renouvellent des critiques déjà formulées au début du XXe siècle. L’insubordination ouvrière contre la prégnance de ces rapports d’exploitation et de domination a souvent été saisie lors des épisodes de luttes, de grèves et d’occupations. Elle a cependant pris des formes complexes qui ne renvoient pas toutes à l’engagement. Se confronter à la dureté des conditions de travail, à l’arbitraire de la hiérarchie, à l’absurdité de certaines tâches ne fabrique pas à coup sûr des syndicalistes. Pourtant, des hommes et des femmes franchissent le pas de l’engagement en raison de ce qu’ils vivent comme salarié·e·s. Il s’agit dès lors de s’intéresser à la façon dont cette expérience, à la fois pratique et subjective, est le creuset de relations sociales qui conduisent à se penser inséré au sein d’un groupe, d’un collectif, voire d’une classe. Il faut aussi comprendre comment ces perceptions alimentent des opérations intellectuelles de mises en mot, de cadrage sur ce qui se joue dans l’activité même du travail, sur les rapports de domination qui s’y exercent. L’éclairage porté sur la sphère du travail comme un lieu d’intense socialisation montre la pertinence d’une approche processuelle du militantisme qui ne s’arrête pas à la socialisation primaire et appréhende le politique de façon large. En se fondant sur des croquis, des témoignages, des archives, des tracts et des photographies, une mémoire vive des années 1968 se construit, qui permet d’éclairer ces vies ouvrières, et la politique ouvrière liée à l’expérience du travail.
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  • HAL Id : hal-02941821 , version 1

Citer

Sophie Béroud, Florence Johsua. Se politiser par le travail. Sombrero (collectif); Fillieule, Olivier; Béroud, Sophie; Masclet, Camille; Sommier, Isabelle. Changer le monde, changer sa vie. Enquête sur les militantes et les militants des années 1968 en France, Actes Sud, pp.163-191, 2018, 978-2-330-09684-7. ⟨hal-02941821⟩

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