L'innovation esthétique et la constitution d'enjeux politiques en Avignon
Résumé
Adoptant une perspective historique, cet article souligne, en premier lieu la transformationsde l'esthétique des spectacles proposés au sein du festival d'Avignon. La période de la direction Vilar, proposant un théâtre festif qui unit, est marquée par une unité esthétique autour des principes du Cartel : respect du texte ; refus des hérésies esthétiques. Les décennies suivantes se caractérisent par une anomie esthétique que manifeste la multiplication des innovations artistiques. Le festival d'Avignon est en même temps un espace et un moment au sein desquels se manifestent des enjeux politiques. Dans la première période, ces enjeux restent limités, les acteurs politiques locaux ou nationaux prenant faiblement position, l'esthétique de Vilar contribuant à cette mise à distance. En revanche, à partir des années soixante, le festival devient un enjeu politique croissant entre différentes entreprises politiques. Alors que la droite s'oppose violemment au festival, et que le parti socialiste soit ignore ces enjeux soit privilégie l'animation, le parti communiste est le plus présent et le plus influent, son soutien à la "liberté de création" étant le plus en congruence avec les attentes des artistes de théâtre. Dans la dernière période on constate l'effondrement de l'influence du Pcf et la dépolitisation des enjeux esthétiques, les différentes entreprises s'accordant sur un soutien à la "création artistique".